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Kia Kx1 : L’Étoile Chinoise qui Éblouit l’Algérie… Jusqu’à la Première Panne

Kia Kx1 2025

Dans un marché automobile algérien à l’agonie, où les importations sont gelées depuis 2019 et où l’offre se limite à une poignée de Fiat assemblées localement, un intrus fait sensation : la Kia KX1. Ce SUV compact, importé par des circuits parallèles depuis la Chine ou le Moyen-Orient, s’est hissé au rang de star improbable. Vendu à partir de 4,5 millions de dinars par des agents multimarques et des particuliers actifs sur les réseaux sociaux, il séduit par son look moderne, son moteur éprouvé et son prix défiant toute concurrence. Mais derrière cette success-story, un spectre hante les acheteurs : un service après-vente (SAV) pratiquement inexistant. Enquête sur un phénomène qui divise, entre rêve accessible et cauchemar logistique.

Un OVNI dans le Désert Automobile Algérien

L’Algérie traverse une crise automobile sans précédent. Le blocage des importations officielles, instauré pour protéger une industrie locale balbutiante, a transformé le marché en un Far West où seuls les plus audacieux prospèrent. L’usine Stellantis d’Oran, qui assemble des modèles Fiat, peine à répondre à la demande, laissant les Algériens face à des prix d’occasion exorbitants et une pénurie chronique. C’est dans ce vide que la Kia KX1, entre autres, version chinoise du Kia Stonic produite par Yueda Kia, a trouvé sa place.

Sur Facebook, Instagram ou TikTok, les annonces de la KX1 pullulent. Des intermédiaires ou des revendeurs indépendants vantent un SUV compact au design audacieux, équipé d’un toit ouvrant panoramique, d’un écran tactile 8 pouces avec Apple CarPlay, d’une caméra de recul et de jantes alliage 16 pouces. À 4,5 millions de dinars (environ 25 000 € au taux parallèle), elle ringardise les Fiat locales et les vieilles Hyundai Accent d’occasion. Mais ce qui fait vraiment vibrer les acheteurs, c’est son moteur : un 1.4L essence de 100 ch, un vieux compagnon des Algériens, qui équipait les Kia Rio distribuées par Gloviz jusqu’en 2018. Un gage de fiabilité dans un marché miné par l’incertitude.

Sous le Capot : Un Moteur Familier, une Finition Chinoise

La Kia KX1 n’est pas une inconnue technique. Construite sur la plateforme du Hyundai Venue et de l’ancienne Rio, elle offre des dimensions idéales pour la ville : 4,10 m de long, 1,73 m de large et 1,53 m de haut, avec un empattement de 2,57 m. Son coffre de 352 L (extensible à 1 152 L) convient aux familles, et ses suspensions (MacPherson à l’avant, barre de torsion à l’arrière) absorbent les nids-de-poule des villes algériennes avec une dignité surprenante.

Le cœur de la bête, c’est son moteur 1.4L Gamma MPI (4 cylindres, injection multipoint), développant 100 ch à 6 000 tr/min et 132 Nm à 4 000 tr/min. Ce bloc, robuste et frugal (6,5-7 L/100 km en usage mixte), est un atout majeur : les mécaniciens algériens le connaissent par cœur, et ses pièces de base (filtres, bougies) sont disponibles localement grâce à la popularité des anciennes Rio. Les options de transmission incluent une boîte manuelle à 6 rapports ou une CVT (parfois une automatique classique à 6 rapports), cette dernière étant prisée pour sa douceur en ville.

Côté équipements, la KX1 impressionne pour son prix. Selon les finitions importées (souvent des versions chinoises ou philippines), elle propose jusqu’à six airbags, un contrôle de stabilité (ESP), un démarrage sans clé et une climatisation automatique. Mais tout n’est pas rose. Le moteur, s’il est fiable, manque de punch sur autoroute, surtout chargé. La boîte CVT, sensible à la surchauffe, souffre sur les longues distances, particulièrement avec le carburant algérien de qualité inégale. Et l’électronique, héritée de l’assemblage chinois, suscite des doutes : des propriétaires signalent des dysfonctionnements sur l’écran tactile ou les capteurs de stationnement, des maux peu courants sur les Kia officielles.

Spécifications TechniquesDétails
Moteur1.4L Gamma MPI, 4 cylindres, essence, 100 ch
Couple132 Nm à 4 000 tr/min
Boîte de vitesseManuelle 6 rapports ou CVT/automatique 6 rapports
Consommation mixte6,5-7 L/100 km
Dimensions (L x l x H)4 100 x 1 735 x 1 533 mm
Coffre352 L (1 152 L max)
Poids1 150-1 200 kg
Équipements clésÉcran 8″, toit ouvrant, 6 airbags, ESP

Le Cauchemar du Service Après-Vente

Si la KX1 séduit sur le papier, elle trébuche sur un obstacle rédhibitoire : le SAV. Importée hors circuit officiel, elle n’est pas reconnue par Kia Algérie, dont le réseau, déjà fragilisé par la crise, se limite aux modèles comme la Picanto ou l’ancienne Rio. Les 17 distributeurs agréés du groupe Achaibou, souvent ouverts seulement de 8h à 13h, refusent parfois de toucher à ces « KX1 grises ». Conséquence : les propriétaires sont seuls face à leurs pannes.

Les pièces détachées sont un casse-tête. Si le moteur 1.4L partage des composants avec la Rio, les éléments spécifiques à la KX1 (électronique, carrosserie, CVT) doivent être importés de Chine ou de Dubaï, avec des délais de 1 à 3 mois et des surcoûts pouvant dépasser 50 %. La garantie de trois ans vantée par les vendeurs est une chimère : aucun réseau local ne l’honore, et les recours judiciaires sont quasi impossibles. Sur les forums ou les groupes WhatsApp, les témoignages oscillent entre satisfaction (pour le moteur) et frustration (pannes électroniques, coûts imprévus). Un propriétaire d’Alger raconte avoir payé 300 000 DZD pour réparer un module de climatisation, commandé à Shanghai après deux mois d’attente.

Les garages multimarques tentent de pallier le vide, mais leur expertise est limitée, surtout pour les systèmes modernes comme la CVT ou l’électronique chinoise. Certains importateurs parallèles, conscients du problème, proposent un « SAV import » embryonnaire, mais les retours restent mitigés. En clair, acheter une KX1, c’est rouler sans filet.

Un Pari à Double Tranchant

La Kia KX1 est un symbole de l’ingéniosité algérienne face à un marché en crise. Elle répond à un besoin criant : un véhicule moderne, abordable et adapté aux routes du pays. Mais son succès repose sur un pari audacieux. Pour 4,5 millions de dinars, elle offre ce que peu de concurrents locaux peuvent égaler. Pourtant, le spectre d’une panne coûteuse plane, transformant le rêve en cauchemar pour les moins chanceux.

Conseils aux futurs acheteurs : avant de signer, exigez une facture claire indiquant la provenance (Chine, Philippines) et testez le véhicule sur route. Privilégiez les vendeurs offrant un minimum de suivi, même informel.

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