La première pierre vient d’être posée à Tafraoui, dans la wilaya d’Oran. Ce n’est pas une simple cérémonie : c’est le début d’un projet industriel d’envergure nationale. Porté par l’entreprise algérienne El Hadj Larbi Industries (SHLI), en collaboration avec le géant chinois DoubleStar Tire, ce complexe dédié à la fabrication de pneumatiques annonce une transformation profonde du secteur.
Un tournant industriel stratégique
Le partenariat entre SHLI et DoubleStar ne se limite pas à un échange de compétences. Il ouvre la voie à une intégration technologique inédite dans le pays. L’usine à venir s’inscrit dans la logique de l’industrie 4.0. L’objectif ? Produire localement des pneus pour plusieurs types de véhicules — voitures, camions, bus, engins agricoles, voire militaires — tout en visant les marchés africains et européens.
DoubleStar Tire, fondée en 1921, est pionnière dans l’automatisation industrielle. Depuis 2016, elle applique à grande échelle l’intelligence artificielle, la robotique et l’analyse de données massives dans ses chaînes de production. C’est cette expertise que l’usine d’Oran s’apprête à accueillir.
Une usine intelligente, automatisée et ambitieuse
Les installations d’Oran intégreront des lignes de production robotisées, des systèmes de contrôle en temps réel et une intervention humaine strictement limitée. Le but : qualité constante, rendement optimisé, coûts maîtrisés.
Dès sa première phase, le site produira 7 millions de pneus par an. À terme, sa capacité pourrait atteindre 22 millions d’unités. Ces chiffres, avancés par le PDG de SHLI, traduisent une ambition claire : substituer aux importations une production locale, exporter massivement et conquérir les marchés avec un produit normé selon les standards européens et américains.
Pas moins de 130 références de pneus seront fabriquées, certifiées et conformes aux exigences internationales.
Un impact économique fort
Le projet pourrait permettre à l’Algérie d’économiser 200 millions de dollars sur sa facture d’importation de pneus. Mieux encore, il générerait environ 300 millions de dollars d’exportations. Plus de 2 000 emplois directs seront créés.
Le complexe comprendra quatre unités principales sur une superficie de 9 hectares : mélange de caoutchouc, fabrication, stockage des produits finis, et infrastructures techniques.
Une vision structurante
Les travaux devraient s’achever d’ici fin 2026. Selon Yasser Boutaba, directeur du projet, le chantier avance dans les délais et prévoit un transfert technologique réel vers les compétences locales.
Pour Omar Rekkache, directeur de l’Agence algérienne de promotion de l’investissement (AAPI), ce projet est bien plus qu’une usine : c’est un pilier stratégique. Il s’inscrit dans un plan global de développement industriel, où 54 milliards de dinars ont déjà été engagés dans quatre projets liés aux pneumatiques.
Une dynamique nationale en marche
D’autres complexes sont en cours à Touggourt, Aïn M’lila, Sétif (avec Iris). Tous visent à transformer structurellement l’Algérie : d’importatrice chronique de pneus, elle aspire désormais à devenir une puissance exportatrice régionale.
L’ambition est claire. L’infrastructure suit. Le savoir-faire arrive. Et les retombées économiques s’annoncent à la hauteur des enjeux.



