L’usine Fiat de Tafraoui, située près d’Oran, a atteint un jalon significatif en dépassant les 50 000 véhicules produits depuis son inauguration en décembre 2023. Ce cap marque une étape clé dans le développement de la filière automobile en Algérie, illustrant la montée en puissance d’un site industriel qui ambitionne de devenir un acteur majeur dans la région. Avec une production de 17 000 unités en 2024, l’usine prévoit d’atteindre 60 000 véhicules en 2025 et 90 000 en 2026.

Une production en forte croissance

Le texte mentionne que l’usine a produit 50 000 véhicules en moins de deux ans, un résultat qui témoigne de sa rapide montée en cadence. En 2024, 17 000 unités ont été assemblées, principalement des modèles comme la Fiat 500 hybride et le Doblò, avec le lancement récent de la Panda Grande, un SUV compact adapté aux besoins locaux. L’objectif de 60 000 unités en 2025 et 90 000 en 2026 repose sur une transition vers un assemblage CKD (complete knock-down), intégrant des étapes comme la peinture et le ferrage, contre le mode SKD (semi-knock-down) actuel. Cette progression reflète l’investissement initial de Stellantis, évalué à plus de 200 millions d’euros, et une stratégie alignée sur les exigences gouvernementales d’un taux d’intégration locale de 30 % minimum. En 2024, l’usine atteint déjà 10 % d’intégration, grâce à des partenariats avec des fournisseurs locaux comme SAREL (composants plastiques) et Ferruz (roues). Cette dynamique réduit la dépendance aux importations, un enjeu crucial pour l’économie algérienne, encore fortement tributaire des hydrocarbures. Cependant, des défis subsistent : la spéculation sur le marché des véhicules d’occasion freine les ventes de modèles neufs, et la concurrence chinoise, avec ses véhicules électriques à bas coût, pourrait menacer la part de marché de Stellantis.

Une main-d’œuvre qualifiée au cœur du projet

Le communiqué met en avant les 1 784 employés de l’usine, formés grâce à 432 000 heures de formation dispensées en partenariat avec l’Institut National Spécialisé de Formation Professionnelle (INSFP) de Belgaid à Oran, ainsi que six autres centres régionaux. Ces formations couvrent des spécialités variées, de la robotique à la gestion de production, et incluent des stages pratiques pour des apprenants. De plus, des programmes universitaires en alternance, en collaboration avec l’Université de Technologie d’Oran et l’École Nationale Polytechnique, ont été lancés pour former des cadres spécialisés. Ces initiatives répondent à un besoin critique : dans un pays où 30 % de la population a moins de 25 ans, la qualification de la main-d’œuvre reste un défi. Stellantis a déjà créé 1 200 emplois directs en 2024, contre 500 en 2023, avec un objectif de 2 000 d’ici 2026. Cette approche ne se limite pas à la production ; elle vise à bâtir un écosystème durable, capable de soutenir l’industrie automobile et potentiellement d’exporter des compétences vers d’autres marchés africains. Ce modèle pourrait inspirer d’autres secteurs, contribuant à réduire le chômage des jeunes, un problème structurel en Algérie.

Un hub régional pour Stellantis

Le texte souligne que Tafraoui s’affirme comme un hub industriel régional pour Stellantis, renforçant l’engagement du groupe en Algérie. Avec une part de marché de 60 % sur le segment des véhicules neufs, grâce à ses marques Fiat et Opel distribuées via 50 concessions couvrant 76 % du territoire, Stellantis domine le secteur. L’usine, équipée d’un Body Shop et d’un Paint Shop opérationnels depuis juillet 2025, prépare l’arrivée de nouveaux modèles en 2025, dont un Doblò version familiale et un véhicule encore non dévoilé, potentiellement une Tipo restylée. À partir de 2026, Opel et Alfa Romeo intégreront la production, diversifiant l’offre entre l’entrée de gamme (Fiat 500 à 3 millions DA) et le segment premium. Cette stratégie permet à Stellantis de se démarquer dans un contexte concurrentiel complexe. Par exemple, Renault, avec son usine d’Oued Tlelat à l’arrêt depuis 2023 en raison de difficultés d’approvisionnement, perd du terrain. Stellantis, en revanche, capitalise sur la marque Fiat pour contourner les tensions diplomatiques entre l’Algérie et la France, tout en préparant l’exportation vers l’Afrique subsaharienne. La Panda Grande, avec 20 % d’intégration locale en 2025 et 30 % en 2026, est conçue pour répondre aux besoins des routes africaines, renforçant le positionnement régional de Tafraoui.

Perspectives et défis

L’usine de Tafraoui symbolise une ambition plus large : faire de l’Algérie un acteur industriel automobile, réduisant sa dépendance aux importations et diversifiant son économie. Stellantis s’inscrit dans son plan Dare Forward 2030, visant un million de ventes annuelles au Moyen-Orient et en Afrique d’ici 2030. Cependant, des obstacles subsistent. L’absence d’une filière électrique compétitive pourrait freiner l’adaptation aux normes environnementales internationales, tandis que la volatilité économique algérienne et les fluctuations du dinar compliquent les investissements. Malgré ces défis, Tafraoui démontre qu’une industrie automobile locale est viable, portée par des partenariats public-privé et une main-d’œuvre en formation.

L’usine Fiat de Tafraoui, avec ses 50 000 véhicules produits, marque une étape décisive pour l’industrie automobile algérienne. En combinant une production en croissance, une main-d’œuvre qualifiée et une vision régionale, Stellantis pose les bases d’un hub industriel prometteur. Si les objectifs de 90 000 unités en 2026 sont atteints, Tafraoui pourrait non seulement transformer l’économie locale, mais aussi redéfinir la place de l’Algérie dans l’automobile africaine. Reste à maintenir cette trajectoire face à une concurrence accrue et des défis économiques.