La lutte contre les accidents de la route franchit une nouvelle étape. La Direction générale de la Sûreté nationale (DGSN) a annoncé que la numérisation des infractions routières sera prochainement généralisée en Algérie. Objectif : renforcer la transparence, améliorer le suivi judiciaire et responsabiliser davantage les automobilistes.

Un virage technologique pour mieux contrôler les routes

Le contrôleur de police Dahmani Rachid, représentant de la Direction de la formation à la DGSN, a détaillé cette nouvelle stratégie en marge d’un séminaire dédié à la vigilance routière. Selon lui, la digitalisation permettra un enregistrement plus précis des infractions, mais surtout un suivi plus rigoureux des récidivistes.

Cette modernisation vise aussi à faciliter la coopération entre la police et la justice, avec des échanges de données plus rapides et une meilleure traçabilité des infractions. Une manière de fermer la porte aux comportements dangereux, souvent répétés par certains conducteurs.

Prévention et sensibilisation toujours au cœur de la stratégie

La DGSN souligne que cette évolution ne s’accompagne pas seulement de sanctions, mais aussi de campagnes de sensibilisation. Sur le terrain, dans les écoles ou encore via les réseaux sociaux, des actions pédagogiques sont menées pour responsabiliser les conducteurs et lutter contre les comportements à risque : excès de vitesse, inattention, non-respect du code de la route.

Avec cette approche combinant technologie, prévention et contrôle, les autorités espèrent inverser une tendance inquiétante, marquée par une hausse persistante des accidents de la circulation.

Deux-roues et trottinettes impliqués dans 30 % des accidents

Lors du même séminaire, le président de la Fondation algérienne Sinaat Al-Ghad, Bachir Messaitfa, a apporté un éclairage préoccupant : 30 % des accidents routiers concernent des motos, trottinettes et vélos. Un chiffre qui confirme l’importance de cibler également les usagers de deux-roues dans les campagnes de prévention.

Pour répondre à ce constat, il a proposé la création d’une cellule stratégique de vigilance routière, en partenariat avec plusieurs ministères : Intérieur, Transports, Travaux publics, Santé et Affaires religieuses. Cette cellule aurait pour mission de diagnostiquer les causes réelles des accidents, alors que leur nombre a augmenté de 15 % en 2024.

Un phénomène social préoccupant

Selon Messaitfa, les chiffres liés aux accidents n’ont pas évolué de manière positive : le nombre quotidien de décès et de blessés a doublé ces dernières années, et la répartition géographique des sinistres reste inégale selon les wilayas.

Il dénonce également l’absence de solutions radicales et durables, notamment sur le plan des infrastructures, de la gestion du trafic ou de la modernisation du parc automobile. Pour lui, les accidents de la route ne sont plus seulement un problème de sécurité, mais un véritable phénomène social qui exige une réponse globale.

Une réforme attendue par les automobilistes

Avec la numérisation des infractions, l’Algérie se rapproche des standards internationaux en matière de gestion du trafic routier. Mais cette transition numérique devra s’accompagner d’une volonté politique forte et d’investissements dans les infrastructures si elle veut réellement réduire le nombre de victimes.