L’usine Fiat, fleuron de la nouvelle stratégie industrielle algérienne, s’apprête à passer à la vitesse supérieure. Une accélération qui pourrait bien redessiner les contours de l’industrie automobile nord-africaine.

Ali Aoun, ministre de l’Industrie et de la Production pharmaceutique insiste, Lors d’une rencontre avec Raoui El Baji, directeur général de Stellantis Algérie, avec un message clair : il faut augmenter la cadence. Une injonction qui résonne comme un défi lancé à l’industrie naissante.

Mais pourquoi une telle urgence ? La réponse se trouve dans les chiffres vertigineux de la balance commerciale algérienne. Chaque année, ce sont près de 2 milliards de dollars qui s’envolent pour satisfaire l’appétit automobile du pays. Une hémorragie que les autorités entendent bien endiguer.

L’usine de Tafraoui, inaugurée en grande pompe en décembre dernier, cristallise tous les espoirs. Étendue sur 40 hectares, avec 80 hectares supplémentaires dédiés aux équipementiers, elle incarne l’ambition d’une Algérie industrielle. Les chiffres donnent le vertige : 600 emplois créés d’emblée, 2000 prévus d’ici 2026. Un pari sur l’avenir qui ne manque pas d’audace.

Mais le véritable tour de force réside dans les objectifs de production. Stellantis vise 60 000 véhicules dès la première année, avec une montée en puissance à 90 000 unités l’année suivante. Des chiffres qui feraient pâlir d’envie plus d’un constructeur établi.

Le catalogue s’annonce alléchant : la mythique Fiat 500 en version hybride côtoiera le Doblo, dans ses déclinaisons vitrées et utilitaires. Et pour 2026, la promesse d’un modèle mondial inédit fait déjà saliver les aficionados de la marque.

Cependant, l’enthousiasme des débuts se heurte déjà aux réalités du marché. La demande explose, portée par des années de disette automobile. Face à cette situation, Ali Aoun n’hésite pas à mettre la pression : il faut produire plus, et vite.

Mais le défi ne s’arrête pas là. L’intégration locale, véritable pierre angulaire du projet, fait l’objet de toutes les attentions. Aujourd’hui, sièges, tapis, pneus et pièces plastiques sont déjà « Made in Algeria ». Demain, c’est toute une filière high-tech que le pays ambitionne de développer.

Les accords signés sont ambitieux : 10% d’intégration locale après un an, 40% à l’horizon de cinq ans. Un pari osé qui dépasse les exigences initiales du cahier des charges. L’objectif ? Faire de l’Algérie un hub régional de l’automobile, capable non seulement de satisfaire son marché intérieur, mais aussi de conquérir les marchés africains.

Pour y parvenir, l’usine d’Oran s’apprête à franchir une nouvelle étape. Une deuxième ligne de production automatisée est dans les cartons, promettant de porter la capacité à 60 000 véhicules par an. Une montée en puissance qui s’inscrit dans une vision stratégique à long terme.

La formation n’est pas en reste. Raoui El Baji, directeur général de Stellantis Algérie, insiste sur l’importance de former la main-d’œuvre locale aux standards internationaux. Avec déjà plus de 1000 employés formés de manière intensive, l’usine se positionne comme une véritable école de l’industrie automobile.

Pourtant, des défis de taille subsistent. Comment atteindre un taux d’intégration locale élevé tout en maintenant des standards de qualité internationaux ? Comment développer une base industrielle capable de répondre aux exigences draconiennes du secteur automobile ?

L’usine Fiat d’Oran est bien plus qu’un simple site de production. Elle incarne les espoirs d’une nation tout entière, désireuse de s’affranchir de sa dépendance aux importations et de se forger une place sur l’échiquier industriel mondial.

Alors que les premières Fiat « algériennes » commencent à sillonner les routes du pays, une question demeure : l’Algérie parviendra-t-elle à transformer cet élan initial en une véritable révolution industrielle ? L’avenir nous le dira, mais une chose est sûre : l’aventure Fiat en Algérie ne fait que commencer, et elle promet d’être passionnante.