Depuis la levée de l’interdiction des importations de véhicules neufs en 2022, le marché automobile algérien connaît une reprise progressive, mais encadrée. En réponse à une question écrite du député Ahmed Beldjilali du Mouvement de la société pour la paix, adressée au Premier ministre Nadir Larbaoui, le ministre du Commerce extérieur et de la Promotion des exportations, Kamel Rezig, a présenté un état des lieux détaillé des importations de véhicules neufs entre 2022 et 2024, révélant des avancées significatives, mais aussi des défis persistants.
Des quotas conséquents pour relancer le marché
En 2023, 20 concessionnaires agréés ont déposé leurs demandes via la plateforme numérique dédiée au suivi des importations pour obtenir des autorisations de domiciliation bancaire. Ces démarches ont permis l’octroi de licences pour importer 288 099 véhicules neufs, représentant une enveloppe totale de 2,572 milliards de dollars américains. Ces quotas, définis par la commission interministérielle Industrie-Commerce, ont été établis en tenant compte des besoins du marché national et de la production locale.
Cependant, sur la période 2022-2023, les importations réelles ont été inférieures aux prévisions. Selon les données de la Direction générale des douanes, 179 255 véhicules ont été importés pour une valeur de 2,114 milliards de dollars. Parmi les concessionnaires, 9 d’entre eux ont pleinement exploité leurs quotas, important 125 296 véhicules pour 1,767 milliard de dollars. En revanche, 11 concessionnaires, autorisés à importer 109 735 véhicules, n’ont livré que 53 929 unités, soit environ 50 % de leurs quotas. Selon nos analyses, cette sous-performance a impacté les suites des opérations et la délivrance de nouveaux quotas.
Une croissance marquée des importations liées à la production
Par ailleurs, les importations de véhicules roulants destinés à la production, à l’équipement et à l’exploitation (comme les camions ou engins utilitaires) affichent une progression notable. En 2023, ces importations ont atteint 564,9 millions de dollars, avant de bondir à 1 milliard de dollars en 2024, soit une hausse de 50 %. Cette augmentation reflète les besoins croissants des secteurs industriels et économiques algériens, soutenus par des investissements dans divers projets nationaux.
Une régulation stricte des importations
Le ministre Kamel Rezig a précisé que l’attribution des quotas d’importation relève de la commission interministérielle Industrie-Commerce, qui évalue les besoins du marché tout en tenant compte de la production locale, notamment celle des usines comme Fiat à Oran. Cette approche vise à équilibrer l’offre et la demande, tout en préservant les réserves de change du pays, estimées à 72 milliards de dollars en 2024, mais sensibles aux variations des prix du pétrole.
Des défis à surmonter
Malgré ces progrès, le marché automobile algérien reste confronté à plusieurs défis. Les 179 255 véhicules importés entre 2022 et 2023 ne suffisent pas à compenser le déficit accumulé après des années de restrictions (2017-2020), estimé à environ 1,2 million de véhicules. De plus, les prix des véhicules neufs demeurent élevés, sous l’effet de l’inflation mondiale et les surcoûts logistiques, notamment ceux causés par la crise en mer Rouge en 2024, qui ont ajouté entre 3 000 et 6 000 dollars par véhicule importé.
Perspectives pour 2025
Pour 2025, le gouvernement anticipe une poursuite de la reprise, portée par l’augmentation de la production locale. Fiat Algérie, par exemple, ambitionne de produire 90 000 véhicules par an d’ici 2026. L’arrivée de nouvelles marques comme Chery, Geely, Hyundai, Omoda & Jaecoo, Jetour et JAC, ainsi que le retour potentiel de constructeurs comme Renault à Oran, pourrait diversifier l’offre et atténuer la pression sur les prix. Toutefois, répondre pleinement à la demande nécessitera des importations soutenues sur plusieurs années, un défi qui devra être concilié avec les priorités économiques de l’Algérie.